« Autant les usagers manquent parfois de discernement, autant les prescripteurs pourraient prendre plus de temps pour expliquer l’inutilité de tel ou tel traitement. Mais “ ça prend moins de temps de prescrire que d’expliquer aux patients qu’il ne sert à rien d’avaler le médicament qu’ils veulent à tout prix, que leur pathologie est virale, donc qu’elle passera ” s’accordent à dire la plupart des médecins. “ Et le temps, on n’en a pas beaucoup. ” Alors, on sur-ordonne et on surconsomme. »

« Jusqu’ici tout va bien, ou presque. Alors que la liste modèle de l’OMS ne comporte que 350 médicaments jugés essentiels, la France recense sur le marché pas moins de 3 000 substances actives différentes, correspondant à 10 500 spécialités et 14 600 présentations. En cause, la politique de rentabilité de l’industrie pharmaceutique. »

« ... les cliniques privées qui programment une fois et demie plus de césariennes que les hôpitaux publics (40 % des accouchements se font par césarienne dans le privé contre 16 % dans les hôpitaux publics). »

« En Occident, on juge de la qualité d’un médecin au taux de remplissage de sa salle d’attente, à la quantité de médicaments qu’il prescrit, alors qu’en médecine orientale un remplissage proche de zéro indique au contraire combien le praticien fait bien son travail de prévention. »

Médecin à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Véronique Vasseur est l’auteure de plusieurs livres à succès, dont L’hôpital en danger.

Clémence Thévenot est journaliste, ancienne rédactrice en chef du magazine Culture Droit.