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Argument 8 : Plusieurs pays dans le monde ont fait une large place au privé en santé. Si c'est bon pour les autres, pourquoi ne serait-ce pas bon pour nous aussi ?

12 Réponses

12 - Une étude réalisée au Canada par les professeurs Shoo K. Lee , Brian H. Rowe et Sukhy K. Mahl , disponible à la National Library of Medecine, en arrive à des conclusions tout à fait opposées.

2021-02-16 : «Nous avons étudié la situation à l'étranger pour déterminer s'il existe une association entre le degré de dépenses privées et deux valeurs fondamentales de l'assurance maladie: l'universalité et l'accessibilité. Nous avons examiné plus en détail l'impact des dépenses privées sur la performance générale du système de santé, sur les résultats cliniques et sur le taux de croissance des dépenses de santé. Nous avons constaté que le financement privé (l'assurance privée à but lucratif et le financement privé direct) avait un effet négatif sur l'universalité, l'équité, l'accessibilité et la qualité des soins. L'augmentation du financement privé n'est pas associée à de meilleurs résultats cliniques ni à un ralentissement de la croissance des dépenses de santé.»
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11 - Ce n’est pas l’opinion du Syncass-CFDT (Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés) de France :

2020-02-13 : Il (le privé) offre des salaires 2, 3 ou 4 fois supérieurs. Nous, dans le public, parce qu'on (le public) assure la continuité des soins, on en a plus la contrainte des gardes. Ce phénomène déstabilise profondément notre système de santé » « Pour recruter des médecins, on fait des choses non réglementaires : on paie le double les gardes, les heures supplémentaires. On autorise les spécialistes les plus rares, comme les anesthésistes, gynécologues ou cardiologues, à ne travailler que quatre jours au lieu de cinq, pour qu'ils aillent faire des piges dans le privé. On en vient à des situations de chantage financier de la part de médecins. Tout cet argent qu'on leur accorde est pris ailleurs, sur les effectifs, le non-remplacement des arrêts maladie et des congés maternité. »
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10 - Les États-Unis sont un bon exemple de pays qui misent sur le privé pour assurer la santé de sa population. Voici ce qu’en pense Bernie Sanders  :

2017-09-20 : « ... il m’a toujours paru absurde que notre système de soins vise principalement à dégager d’immenses profits pour les compagnies d’assurance, les laboratoires pharmaceutiques, les hôpitaux et les fournisseurs d’équipements médicaux. Les soins médicaux ne sont pas une marchandise ; ils constituent un droit humain. L’objectif d’un système de soins sain doit être de nous maintenir en bonne santé, pas d’enrichir les détenteurs d’actions. … Notre système actuel est le plus onéreux, le plus bureaucratique, le plus gaspilleur et le plus inefficace au monde. Le secteur de la santé réalise des centaines de milliards de dollars de profits par an, tandis que des dizaines de millions d’Américains sont mal couverts et que beaucoup souffrent et meurent, alors qu’on pourrait l’éviter. … En 2013, nous y consacrions 17,1 % de notre PIB. C’est 50 % de plus que le pays qui vient après nous, la France, et le double de ce que dépense le Royaume-Uni. » Bernie Sanders, Notre révolution, Les liens qui libèrent, 2017, p. 301
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9 - Si c'est bon pour les autres !
Les exemples que nous donne le Syndicat canadien de la fonction public ne vont pas du tout en ce sens, loin de là...

2017-01-20 : L’Hôpital régional de North Bay a coûté au moins $160 millions de dollars de plus à cause du PPP. Les coûts de financement du projet ajoutent des millions de dollars de plus à la facture chaque année, on a dû fermer plus de 50 lits et ils en sont à la troisième vague de licenciements, avec plus de 100 postes.

Le Centre de santé mentale Royal d’Ottawa a ouvert en novembre 2006. Le Centre était plus petit qu’initialement prévu, avec moins de lits. Le coût final de ce PPP a été de 146 millions de dollars, un dépassement de coût de 46 millions de dollars. L’économiste Hugh Mackenzie a analysé les données financières disponibles et a conclu que le recours au secteur privé a augmenté la facture finale de l’ordre de 88 millions de dollars.

Les Centres hospitaliers universitaires de Montréal, selon le rapport du vérificateur général Renaud Lachance … le coût des investissements dans ce projet en PPP dépassait d’au moins 1,8 milliard de dollars le budget initial de 5,2 milliards de dollars. … Vous avez bien lu : près de deux milliards de dollars?!

Le Centre hospitalier William Osler de Brampton, en Ontario, donne un autre exemple de PPP hors de contrôle. En 2008, la vérificatrice générale de l’Ontario a découvert que sa construction en mode PPP a coûté 194 millions de dollars de plus que si on l’avait réalisé en mode traditionnel public. … Pour reprendre les mots chroniqueur André Picard du Globe and Mail, « les contribuables se sont fait avoir ».

Des chercheurs ont démontré que le PPP du Centre de santé Diamond a coûté plus du double qu’un projet réalisé par l’État. En 2009, des juricomptables ont calculé que ce centre aurait pu coûter 89 millions de dollars en tout en mode public. Le gouvernement britanno-colombien a dépensé 203 millions de dollars sur cet hôpital en PPP, soit 114 millions de dollars de plus.
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8 - L'objectif premier du privé en santé, c'est d'abord de générer des profits... en s'occupant de votre santé. Voyons ce qui se passe en France. Dans leur livre Santé, le grand fiasco Véronique Vasseur, médecin à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et la journaliste Clémence Thévenot nous en donnent un bon exemple... pas trop rassurant...

2013-09-25 : Pour les cliniques privées qui programment une fois et demie plus de césariennes que les hôpitaux publics (40 % des accouchements se font par césarienne dans le privé contre 16 % dans les hôpitaux publics).
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7 - Deux chercheurs, Guillaume Hébert et Jean-François Landry , dans une recherche intitulée « Le Québec bénéficierait-il d'une présence accrue du privé en santé ? » réalisée pour l'IRIS, rapportent les résultats d'une recherche canado-australienne démontrant l'inefficacité d'un système de santé parallèle privé et la hausse des coûts qu'il engendra en Australie.

2008-02-11 : Ces problèmes ont amené le gouvernement à subventionner l'achat d'assurances privées au moyen d'un crédit d'impôt pouvant atteindre jusqu'à 30 % du prix des cotisations. Ainsi, alors que les économies réalisées par la mise en place du système privé parallèle n'ont pas dépassé environ 800 millions de dollars, les pertes fiscales occasionnées par le crédit d'impôt sont aujourd'hui évaluées à 2,2 milliards de dollars. En d'autres termes, la diminution attendue des coûts s'est plutôt soldée par une hausse de 1,3 milliard de dollars. Une étude conjointe canado-australienne évalue que, si ces ressources avaient été dirigées vers le système public, elles auraient permis de prendre en charge de 50 à 75 % de la demande aujourd'hui dirigée vers le secteur privé. En somme, l'État australien a subventionné l'entreprise privée pour qu'elle fournisse un service que le régime public aurait pu offrir pour la moitié des coûts.
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6 - La privatisation du système de santé en Angleterre a aussi eu ses effets pervers nous apprennent Jean-François Landry et Guillaume Hébert dans leur étude intitulée « Le Québec bénéficierait-il d'une présence accrue du privé en santé ? » réalisée pour l'IRIS.

2008-02-11 : Au moment où l'avenir du financement de la santé en Angleterre a été jugé préoccupant, il y a quelques années, le gouvernement a introduit le principe d'une compétition entre les hôpitaux, tant du secteur public que du secteur privé. […] C'est dans cette logique que fut introduit le paiement en fonction des résultats. Ce mode de fonctionnement implique que les hôpitaux ne sont plus financés en fonction d'un budget fixe, mais plutôt eu égard au cumulatif des services dispensés. Les hôpitaux se sont alors livrés concurrence pour effectuer le plus d'actes médicaux possible. Ils ont eu tendance à privilégier les services de santé nécessitant plusieurs visites. Certains examens - prises de sang, radiographies, etc. - qui auraient pu être effectués en une seule visite ont été répartis sur plusieurs jours. De cette façon, les patients, forcés de revenir plusieurs fois à l'hôpital, multiplient à chaque visite les revenus de l'établissement. (p.7)
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5 - Dans son rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE note qu'en Grande-Bretagne et aux États-Unis le financement privé n'a pas fait augmenter l'offre de service. Il a par contre fait augmenter les coûts des services ainsi que la rémunération des médecins et autres professionnels de la santé.

2002-12-18 : [...]le financement privé n'augmente pas l'offre de main-d'oeuvre à court terme, il faut s'attendre à ce que l'argent des utilisateurs soit utilisé pour payer des revenus supérieurs aux médecins et autres professionnels de la santé. En Grande-Bretagne, les médecins peuvent exercer dans les secteurs à financement public et privé. Leurs revenus sont de trois à quatre fois supérieurs dans le secteur à financement privé que dans le secteur à financement public [...]. Les incitations à travailler dans le secteur à financement privé permettent aux professionnels d'augmenter leur revenu sans nécessairement augmenter leur offre totale de services. Aux États-Unis, les coûts des hospitalisations assurées par Medicare, le régime public pour les personnes âgées, ont été de 500 $ à 600 $ plus élevés de 1989 à 1995, soit environ 30 % des coûts moyens totaux, dans les territoires où tous les hôpitaux sont privés, comparativement aux territoires où tous les hôpitaux sont publics. L'augmentation des coûts au cours de la même période a été plus élevée dans les territoires avec des hôpitaux privés [...]. p.23
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4 - Toujours dans ce même rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE note qu'au contraire, là où le privé intervient, les listes d'attente allongent.

2002-12-18 : De façon générale, ni la théorie ni les études empiriques ne démontrent que le financement privé diminue la longueur des listes d'attente (Tuohy Hugues et coll., à paraître). L'introduction d'avantages fiscaux pour les acheteurs d'assurance privée en Australie n'a pas montré de réduction des listes d'attente (Hurley et coll., 2001). La possibilité pour les citoyens du Royaume-Uni de recourir à des services médicaux et hospitaliers à financement privé ne change pas non plus la longueur des listes d'attente de la manière espérée. En effet, les plus longues listes d'attente se retrouvent dans les régions anglaises qui comptent le plus grand nombre de souscripteurs à une assurance privée (Besley et coll., 1998). p.31
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3 - Toujours dans ce même rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE nous apprend qu'aux États-Unis, non seulement les dépenses en santé par habitant sont les plus élevées des pays occidentaux, que non seulement leur système de santé requiert 80% plus de personnels que le système canadien, mais qu'en plus les médecins y sont encore moins disponibles qu'au Canada, bien que leur rémunération soit beaucoup plus élevée que celle des médecins canadiens.

2002-12-18 : Woolhandler et Himmelstein (2002) ont estimé à 60 % des dépenses totales de santé aux États-Unis la part du financement public en 1999, soit une somme de 2 604 $ US par habitant. Elle dépasse la moyenne des dépenses privées et publiques pour la santé dans tous les pays occidentaux... p.35
Le personnel d'administration des services médicaux et hospitaliers américains est pléthorique. On y emploie 85 % plus de cadres administratifs qu'au Canada... p.35
Par ailleurs, la disponibilité des professionnels de la santé est moins grande aux États-Unis qu'au Canada, même si la rémunération des médecins y est plus élevée. Les revenus des médecins américains étaient de 75 % supérieurs à ceux des médecins canadiens en 1991, quoique les médecins canadiens aient des revenus supérieurs à ceux de la plupart des pays européens (Fournier, 1998). p.36
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2 - Dans une étude intitulée "Parallel Private Health Insurance in Australia: A Cautionary Tale and Lessons for Canada" réalisée en 2002, cette fois pour l'Australian National University, Jeremiah Hurley, Rhema Vaithianathan, Thomas-F. Crossley et Deborah Cobb-Clark concluent que l'expérience australienne n'a pas réussi à démontrer qu'un financement parallèle privé de la santé pouvait améliorer l'accès aux soins ni l'état de santé général de la population.

2002-05-05 : Our overall conclusion is that the Australian experience provides a cautionary tale regarding the risks, costs and benefits of a parallel private system of health care finance. [...] In summary, experience in Australia and elsewhere, consistent with much health economic analysis, fails to support the claim that parallel public and private finance will advance commonly stated objectives for Canada's health care financing policy improving access to care, ensuring access is based on need, improving population health, and increasing system effiency and equity. (p.24)

(Notre conclusion générale est que l'expérience australienne constitue une mise en garde concernant les risques, les coûts et les avantages d'un système privé parallèle de financement des soins de santé. [...] En résumé, l'expérience de l'Australie et d'ailleurs, conforme à de nombreuses analyses économiques de la santé, ne permet pas d'étayer l'affirmation selon laquelle un financement public et privé parallèle fera progresser les objectifs communément énoncés de la politique de financement des soins de santé du Canada en améliorant l'accès aux soins, en garantissant l'accès est fondée sur les besoins, l'amélioration de la santé de la population et l'accroissement de l'efficacité et de l'équité du système.)
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1 - Et toujours Thomas Walkom , citant d'autres spécialistes australiens : Gavin Mooney de l'University of Sydney, John O'Dea, directeur des pratiques médicales. « Le Canada n'a aucun intérêt à copier notre système hybride, il est inefficace et injuste. Mais il est avantageux pour les médecins : il est plus facile de facturer le patient que de négocier avec le gouvernement. »

2000-03-25 : "Why on earth would you change what you've got; it sounds much better than ours," says Robyn Green, a Brisbanite who has had some rough experiences with her own country's health system.
"Don't do it," says University of Sydney health economist Gavin Mooney. "I would argue very strongly against Canada going down our path." Most experts here say that the hybrid public-private Australian system - with jurisdiction divided between state and federal governments - is neither particularly efficient nor fair. Even supporters of private medicine say that Australia's two-tier system doesn't work very well.
"If I was going to invent a system that was efficient, I wouldn't invent the Australian system," says the AMA's Brand. "The system is crazy. But it protects us (doctors)."
John O'Dea, the AMA's director of medical practices is equally blunt. While he firmly supports two-tier medicine [...] "I have no intention of using it. . . . There's no good reason to go to a private hospital."
Why then have the parallel private system? "To put it crudely," answers O'Dea, "doctors get paid more in private hospitals. ... You can earn a lot more by billing the patient than by negotiating with the government."

("Pourquoi diable voudriez-vous changer ce que vous avez ? déclare Robyn Green, une Brisbanite qui a eu des expériences difficiles avec le système de santé de son propre pays.
"Ne le faites pas", déclare l'économiste de la santé de l'Université de Sydney, Gavin Mooney." Je m'opposerais très fortement à ce que le Canada suive notre chemin" La plupart des experts ici disent que le système australien hybride public-privé - avec une compétence partagée entre les gouvernements des États et le gouvernement fédéral - n'est ni particulièrement efficace ni équitable. Même les partisans de la médecine privée disent que le système australien à deux vitesses ne fonctionne pas très bien.
"Si je devais inventer un système efficace, je n'inventerais pas le système australien" ... "Le système est fou. Mais il nous protège (les médecins)."
John O'Dea, le directeur des pratiques médicales de l'AMA est tout aussi direct. Alors qu'il soutient fermement la médecine à deux vitesses [...] "Je n'ai pas l'intention de l'utiliser. ... Il n'y a aucune bonne raison d'aller dans un hôpital privé."
Pourquoi alors le système privé parallèle ? « Pour le dire crûment », répond O'Dea, « les médecins sont mieux payés dans les hôpitaux privés... On peut gagner beaucoup plus en facturant le patient qu'en négociant avec le gouvernement.)
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