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Argument 9 : Après avoir terminé leur travail dans le public, on devrait permettre aux médecins qui le désirent de travailler à leur compte dans le système privé. Ce serait une façon simple de désengorger notre système de santé.

9 Réponses

9 - Au Royaume-Uni, l'autorisation de la double pratique des médecins a donné des résultats tout à fait contraires :

2020-09-10 : En 2020, dans son témoignage dans la cause Cambie devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, le professeur Hurley se basant sur des études menées au Royaume-Uni, soutient « que certains médecins à double pratique adoptaient des comportements problématiques et contraires à l'éthique, comme manipuler leur temps d'attente listes afin de détourner les patients du système public vers leurs pratiques privées plus lucratives
Le témoignage du professeur Oliver dans la même cause va dans le même sens : au sujet de la double pratique au Royaume-Uni, il y avait des préoccupations concernant les conflits d'intérêts parce que les médecins et les hôpitaux réagissaient aux incitations financières en accordant la priorité aux patients rémunérés par le secteur privé.» (par. 2508, d'un jugement de 880 pages)
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8 - Lee Soderstrom, du département des sciences économiques de l'Université McGill et Terry Kaufman, expert-conseil en gestion des services de santé sont inquiets : non seulement la majorité des spécialistes souhaitent pouvoir travailler à la fois au public et en privé ( où il est plus facile de se négocier une rémunération avec son patient qu'avec le gouvernement ), mais la loi 34 leur laisse beaucoup de souplesse quant aux heures qu'il devront passer au public. Il faut donc s'attendre à un allongement des listes d'attente du côté du public.

2009-07-22 : Une enquête récente de l'Institut économique de Montréal a constaté qu'une majorité des spécialistes souhaite partager son temps entre le système public et les «CMS non participants». Avec ce changement, les médecins «participants» pourront profiter de la possibilité de gagner davantage, parce qu'ils pourront recevoir de leurs patients en CMS des honoraires plus élevés que ceux qu'ils reçoivent du gouvernement pour des chirurgies en milieu hospitalier. Il sera donc plus rentable pour eux de réduire leur disponibilité en pratique hospitalière au profit des CMS, d'autant plus que la loi 34 leur offre beaucoup de latitude quant aux heures qu'ils seront tenus d'offrir dans les centres hospitaliers.
[...] Lorsque les divers types de chirurgies ne peuvent être réalisés dans les délais établis par le ministre, l'hôpital doit offrir au patient la possibilité d'être traité ailleurs. Cependant, si la solution est un CMS, la loi n'exige pas que le gouvernement paie pour tous les honoraires facturés au patient.
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7 - Damien Contandriopoulos n'a aucun doute non plus sur les conséquences négatives d'une telle solution.

2007-11-10 : [...] ce serait là la pire des choses à faire. [...] Ils joueront sur les deux tableaux. »
Ainsi, dans un premier temps, ils se plaindront auprès du gouvernement que, puisque le privé leur octroie davantage que ce qu'on leur attribue, ils n'ont guère d'intérêt à demeurer dans le public. « On va donc être obligé de leur offrir les mêmes conditions que le privé », dit-il. Mais que feront-ils par la suite? Ils se retourneront vers le privé en se demandant pourquoi travailler dans ce secteur puisque le public leur offre autant. «Le privé n'aura d'autres choix que de leur octroyer un supplément... Et ainsi de suite!»)
«Pourquoi pensez-vous que les États-Unis consacrent 15 % de leur PIB à la santé, alors que ce n'est que de 8 à 10 % pour les autres pays industrialisés?, [...] C'est précisément pour cette raison ! »
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6 - Dans son rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE constate le résultat contraire : si les médecins peuvent travailler dans les deux secteurs, les listes d'attente dans le public s'allongeront.

2002-12-18 : Afin de préserver la capacité des services à financement public, les incitations offertes aux professionnels de la santé ne doivent pas les encourager à pratiquer dans le secteur à financement privé au détriment du secteur à financement public. Or, les propositions de financement privé des services médicaux et hospitaliers doivent assurer que l'offre de services à financement privé est suffisante. Pour ce faire, on prévoit permettre aux professionnels de la santé de pratiquer dans les deux secteurs, avec une obligation d'offre de services dans le secteur à financement public. L'expérience des pays où la pratique professionnelle est permise dans les deux secteurs montre que les professionnels obtiennent des revenus largement supérieurs dans le secteur à financement privé. On crée ainsi une incitation à provoquer des files d'attente dans le secteur à financement public afin d'attirer une clientèle plus nombreuse dans le secteur à financement privé.) p.30
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5 - Pour appuyer ses dires, le CSBE nous donne un exemple vécu au Manitoba.

2002-12-18 : Le Manitoba se présente comme un contre-exemple remarquable. De 1992 jusqu'à 1999, cette province a autorisé les chirurgiens à opérer des cataractes à la fois dans les secteurs à financement public et privé. L'attente moyenne dans le secteur privé, pour être opéré par des chirurgiens ne travaillant que dans ce secteur, était de 4 semaines de 1992 à 1996, contre de 7 à 14 semaines pour les chirurgiens ne travaillant que dans le secteur public. Le temps d'attente des patients du secteur public pour une opération par des chirurgiens travaillant dans les deux secteurs était de 18 semaines en 1992 et est passé à 14 semaines en 1993 et à 23 semaines en 1996. Cet exemple illustre que la pratique médicale simultanée dans les secteurs privé et public offre le pire des deux mondes aux patients qui utilisent le secteur public). p.30
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4 - Dans une étude réalisée en 2002, pour l'Australian National University, Jeremiah Hurley, Rhema Vaithianathan, Thomas-F. Crossley et Cobb-Deborah Clark en arrivent à conclure tout à fait le contraire.

2002-05-05 : Both theory and evidence indicate that creating a parallel private sector can actually increase wait times, especially when providers can work simultaneously in both the prublic and private sectors. (p.17) (La théorie et les preuves indiquent que la création d'un secteur privé parallèle peut en fait augmenter les temps d'attente, en particulier lorsque les prestataires peuvent travailler simultanément dans les secteurs public et privé.)
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3 - Thomas Walkom nous rapporte un bon exemple de ce qui arrive en Australie où les médecins peuvent travailler à la fois au public et au privé.
Une patiente en attente de soins pour des cataractes a le choix : soins gratuits offerts dans le réseau public, mais avec 18 mois d'attente ou quatre semaines d'attente au privé, mais elle devra payer 900 $.
Les soins seront donnés par le même médecin, dans le même hôpital public, avec le même équipement et dans la même salle d'opération. La seule différence, le médecin touchera 900 $ de plus que si sa patiente avait été opérée dans le réseau public.
Son médecin a-t-il avantage à faire la promotion du réseau public ? Il n'a aucun intérêt non plus à faire quoi que ce soit pour tenter d'en diminuer le temps d'attente.

2000-03-25 : Just north of Brisbane, in the town of Caboolture, 20-year-old Eileen McLean is explaining the peculiarities, as she sees them, of Australia's hybrid system. McLean has an unusual condition for such a young person: she has cataracts, an eye condition that impairs her sight. If she were to get them removed in a public hospital, she wouldn't incur any out-of-pocket costs. But she would face an 18-month wait. "I can't wait that long," she explains. "I can't drive. And I have to go back to school." So McLean "went private." She arranged with her eye surgeon to do the operation outside of medicare. The wait will be only four weeks and the cost - to her - will be $900. What's peculiar is that she is getting the fast-track private surgery from the same doctor who would have made her wait 18 months, had she used his services through the public system. And she's getting it done in the same public hospital. Same doctor. Same equipment. Same operating room. The only difference is that her eye surgeon is getting paid $900 more than he would have under medicare. In effect, McLean is being held to ransom. She is being forced to pay extra for treatment that by rights she should get under medicare. (... Ce qui est étrange, c'est qu'elle obtient la chirurgie privée accélérée du même médecin qui l'aurait fait attendre 18 mois, si elle avait utilisé ses services par le biais du système public. Et elle le fait dans le même hôpital public. Même médecin. Même équipement. Même bloc opératoire. La seule différence est que son chirurgien ophtalmologiste est payé 900 $ de plus que ce qu'il aurait sous l'assurance-maladie)...)
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2 - Thomas Walkom nous rapporte les propos de Jeff Richardson, un spécialiste du Melbourne's Monash University : « Quand le gouvernement encourage un réseau privé de soins de santé, cela entraîne un allongement des listes d'attente du côté public ». Et les commentaires du Dr David Brand qui dirige l'Australian Medical Association « Plus vous développez le secteur privé, plus les médecins quittent le secteur public ».

2000-03-25 : As Jeff Richardson, a health economist at Melbourne's Monash University explains, this has created a perverse result: a government that encourages the private health system in order to reduce public waiting lists may end up making them longer. Even the head of the Australian Medical Association, an organization that firmly supports private medicine, agrees. "Most doctors see working in the public system as altruism," says Dr. David Brand. "They are altruistic. "But it is true - the more incentives you have in the private sector, the more you pull doctors across to it." ( Dr David Brand : "... plus vous avez d'incitations dans le secteur privé, plus vous attirez les médecins vers lui).")
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1 - Et toujours Thomas Walkom , citant d'autres spécialistes australiens : Gavin Mooney de l'University of Sydney, John O'Dea, directeur des pratiques médicales. « Le Canada n'a aucun intérêt à copier notre système hybride, il est inefficace et injuste. Mais il est avantageux pour les médecins : il est plus facile de facturer le patient que de négocier avec le gouvernement. »

2000-03-25 : "Why on earth would you change what you've got; it sounds much better than ours," says Robyn Green, a Brisbanite who has had some rough experiences with her own country's health system.
"Don't do it," says University of Sydney health economist Gavin Mooney. "I would argue very strongly against Canada going down our path." ("Je m'opposerais très fortement à ce que le Canada suive notre chemin.") Most experts here say that the hybrid public-private Australian system - with jurisdiction divided between state and federal governments - is neither particularly efficient nor fair. Even supporters of private medicine say that Australia's two-tier system doesn't work very well.
"If I was going to invent a system that was efficient, I wouldn't invent the Australian system," says the AMA's Brand. "The system is crazy. But it protects us (doctors)."
John O'Dea, the AMA's director of medical practices is equally blunt. While he firmly supports two-tier medicine [...] "I have no intention of using it. . . . There's no good reason to go to a private hospital."
Why then have the parallel private system? "To put it crudely," answers O'Dea, "doctors get paid more in private hospitals. . . . You can earn a lot more by billing the patient than by negotiating with the government." (« Pour le dire crûment », répond O'Dea, les médecins sont mieux payés dans les hôpitaux privés... On peut gagner beaucoup plus en facturant le patient qu'en négociant avec le gouvernement.)
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