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Argument 1 : Un système parallèle de soins de santé privé permettrait d'obtenir des soins plus rapidement pour tous ceux qui sont prêts à payer pour de tels services. Les listes d'attente dans le secteur public diminueraient alors d'autant. Tout le monde serait gagnant !

18 Réponses

18 - Voici ce qu'en pense Thierry Lebeau, chirurgien urologue, dans une lettre envoyée au journal Le Devoir : Avaler des couleuvres…

2022-12-22 : On nous annonce également deux hôpitaux privés dans l’est, comme solution au désengorgement. Ce qu’on dit moins, c’est qui y travaillera et qui s’y fera traiter. Le propre du privé est d’être rentable. On y traitera donc des patients en santé qui ne resteront pas hospitalisés trop longtemps et qui ne nécessiteront pas de traitements onéreux.
Nicole sera heureuse de s’y faire opérer pour sa hernie ombilicale dans un environnement moderne et propre. Le personnel sera heureux de rendre service dans un environnement moderne et propre… Jean-Guy, quant à lui, sera hospitalisé dans un hôpital vétuste mal ventilé et traité par des infirmières fatiguées, si elles ne sont pas déjà parties traiter Nicole
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17 - Les mini-hôpitaux privés de la CAQ: une fausse solution, écrivait la Dre Élise Girouard-Chantal, médecin résidente, au nom du conseil d’administration de Médecins québécois pour le régime public.

2022-09-14 : Pour l’État, ce mode de financement coûte beaucoup plus cher. Les médecins qui pratiquent en cabinets privés de type GMF reçoivent, pour chaque acte, une rémunération supérieure de 35 % qui vise à couvrir les frais de fonctionnement de la gestion privée. De plus, une proportion significative des GMF est constituée de sociétés par actions faisant des profits substantiels directement sur le dos des Québécois payant taxes et impôts.

Le nombre de travailleurs de la santé au Québec ne se duplique pas. Le réseau privé en santé recrute et draine les travailleurs du réseau public. Or, l’un des problèmes majeurs du système de santé public actuel est justement le manque de main-d’œuvre.

Le mythe de la meilleure gestion privée au Québec s’est effondré pendant la pandémie alors que l’État a dû venir à la rescousse des résidences privées pour aînés.
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16 - Tout le monde serait gagnant ? Le docteur Alain Vadeboncoeur, dans son livre Prendre soin, émet quelques doutes :

2022-08-18 : « Pourtant, une part significative du travail médical est dévolue à ces personnes en bonne santé qui n’en demandent peut-être pas tant. Ils sont aussi courtisés par les cliniques privées à but lucratif, et pour cause: le bien-portant est par définition celui qui n’a pas tellement besoin de nous et ne coûte donc pas cher à "soigner". »
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15 - Autoriser un système de santé parallèle privé diminuera nécessairement les services disponibles dans le système public. C’est la conclusion à laquelle en arrive le jugement en Cour d’appel de la Colombie-Britannique dans l’affaire Cambie Surgeries Corporation:

2022-07-15 : Autoriser un système de santé parallèle privé «créait un risque d'incitations perverses et de conduite contraire à l'éthique qui pourraient inciter les médecins à éloigner les patients du système public vers le système privé». (par. 139)
De plus…
«Les chirurgiens exerçant dans des cliniques privées ont besoin d'anesthésistes et d'infirmières spécialement formées. La preuve a établi qu'il y a une pénurie importante des deux, ce qui entraîne un temps de fonctionnement inutilisé du système public. Cette preuve appuie la conclusion du juge selon laquelle des « incursions » même petites dans les soins privés peuvent affecter le système public». (par. 317)
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14 - Et si cette efficacité du privé se traduisait en inefficacité en termes de santé des patients traités ? Et si les patients ne faisaient pas partie des gagnants ? Voici les conclusions auxquelles en arrive une étude que publiait récemment The Lancet :

2022-06-30 : Nous avons constaté qu'une augmentation annuelle d'un point de pourcentage de l'externalisation vers le secteur privé à but lucratif correspondait à une augmentation annuelle de la mortalité traitable de 0,38 % décès pour 100 000 habitants l'année suivante. Cette constatation était robuste à l'appariement des caractéristiques de base, à l'ajustement des éventuels facteurs de confusion et à l'erreur de mesure dans notre ensemble de données. Les modifications apportées à l'externalisation à but lucratif depuis 2014 ont été associées à 557 décès traitables supplémentaires... potentiellement en raison d'une baisse de la qualité des services de soins de santé.
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13 - Non seulement les files d'attente rallongent, mais la qualité des soins risque de diminuer.
Afin de diminuer le temps d'attente pour des soins de santé, le Dr Brian Day de la clinique privée Cambie Surgery réclamait devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique le droit de pratiquer au privé et de facturer à des patients des soins de santé offerts par le système public, ce que la province lui interdisait.

2020-09-10 : Dans un jugement de 880 pages, selon le juge Steeves...
«la preuve démontre également qu'il existe des préoccupations valables selon lesquelles la duplication des soins de santé privés aurait pour effet d'augmenter la demande de soins de santé ainsi que les coûts globaux des soins de santé tout en réduisant la capacité dans le système public (entre autres, en raison du détournement des ressources humaines vers le privé) . Cela risque à son tour d'augmenter les temps d'attente dans le système public. En ce ce qui concerne les patients à faible revenu et ayant des besoins de santé plus importants qui dépendre du système public, ils s'en trouveraient moins bien servis.
Je conclus également que la preuve appuie la prétention de la défenderesse selon laquelle ... les soins de santé privés dupliqués inciteraient les médecins à donner la priorité aux patients payants privés au détriment des patients dans le système public. Cela a été amplement démontré dans d'autres des pays. De plus, en Colombie-Britannique les faits suggèrent que les dédoublements les soins de santé privés augmentent la probabilité d'un comportement contraire à l'éthique de la part des prestataires de soins de santé ainsi que des situations de conflit entre l'intérêt supérieur des patients et l’intérêt économique de leurs médecins traitants. » [par 2664 et 2665, page 743]
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12 - La situation est beaucoup plus complexe qu'on le laisse croire. En 2016, la Saskatchewan a permis aux patients de payer leur IRM dans une clinique privée à la condition que la clinique privée fournisse une IRM à une personne inscrite sur la liste d'attente publique dans les 14 jours. Les résultats sont renversants.

2020-03-04 : La liste d'attente pour une IRM en Saskatchewan a doublé de 2015 à 2019, malgré l'initiative gouvernementale permettant aux patients de payer pour un examen et de prolonger les heures d'IRM dans les hôpitaux. Selon les chiffres les plus récents du gouvernement provincial, il y avait 10 018 personnes sur la liste d'attente en juin 2019, contre 5 005 en avril 2015. « Au cours des trois dernières années, nous avons augmenté la capacité d'environ 11 %, mais les références ont augmenté d'environ 18 % » aux dires du ministère de la Santé de la Saskatchewan.
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11 - Ce n’est pas l’opinion du Syncass-CFDT (Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés) de France :

2020-02-13 : Il (le privé) offre des salaires 2, 3 ou 4 fois supérieurs. Nous, dans le public, parce qu'on (le public) assure la continuité des soins, on a en plus la contrainte des gardes. Ce phénomène déstabilise profondément notre système de santé » « Pour recruter des médecins, on fait des choses non réglementaires : on paie le double les gardes, les heures supplémentaires. On autorise les spécialistes les plus rares, comme les anesthésistes, gynécologues ou cardiologues, à ne travailler que quatre jours au lieu de cinq, pour qu'ils aillent faire des piges dans le privé. On en vient à des situations de chantage financier de la part de médecins. Tout cet argent qu'on leur accorde est pris ailleurs, sur les effectifs, le non-remplacement des arrêts maladie et des congés maternité. »
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10 - Tout le monde serait gagnant ? Ce n'est pas l'avis non plus de Branko Milanovic, longtemps économiste en chef à la Banque mondiale, il est difficile d'être plus clair :

2019-02-07 : «Lorsque les fabricants de chaussures se font concurrence pour réduire les coûts, les consommateurs en bénéficient. Lorsque les hôpitaux se font concurrence pour réduire les coûts, les patients meurent.» p. 27
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9 - Les objectifs des deux systèmes ne sont pas les mêmes. Voici ce qu'écrivait le cardiologue Martin Juneau :

2017-03-17 : Il propose une diète méditerranéenne à  ses patients et va même jusqu'à encourager un régime végétalien (sans produits animaux) : « Avec ça, on ne les revoit plus jamais et ils ne veulent pas revenir en arrière. Si les trois quarts des cardiaques étaient végétaliens, on n'aurait plus de patients ! » « Je ne peux pas prendre ma retraite pour l'instant. Comme cardiologues en prévention, nous gagnons quatre fois moins que des cardiologues en hémodynamie. Il y a peu d'intéressés ! »
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8 - Selon le Dr Réjean Hébert, l'ajout d'un réseau privé de santé aurait plutôt l'effet contraire.

2008-12-13 : Une mixité (public-privé) de la pratique entraînera donc inévitablement une réduction des heures consacrées au système public. Et c'est déjà observable en radiologie, la seule discipline où la mixité est autorisée. Il n'y a pas eu amélioration de l'accès au système public par l'ouverture au privé, au contraire. Ceux qui ont le plus accès sont ceux qui ont les moyens de payer, pas ceux qui en ont le plus besoin.
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7 - Landry Jean-François et Hébert Guillaume, dans leur étude intitulée « Le Québec bénéficierait-il d'une présence accrue du privé en santé ? » réalisée pour le compte d'IRIS, en arrivent eux aussi à une conclusion tout à fait différente.

2008-02-11 : Quant au principe d'étanchéité, qui interdit à des médecins du réseau public de pratiquer dans le privé et inversement, l'abandonner serait nuisible aux services de santé en raison d'un effet paralysant sur le système public. En effet, des incitatifs financiers majeurs s'offriraient indirectement à tous les médecins oeuvrant dans les deux systèmes, puisque plutôt que de faire le maximum pour réduire rapidement les listes d'attentes dans le secteur public, les médecins seraient plutôt incités à favoriser une redirection d'une partie des patients vers le privé [...] (p.4)
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6 - Selon la Dre Flood Colleen, un réseau privé, non seulement ne réduirait pas les listes d'attente dans le public, mais les allongerait.

2007-10-18 : À l'heure actuelle, la réglementation canadienne empêche les médecins rémunérés par le régime public de fournir des soins médicaux dans le privé. Les médecins peuvent choisir de « quitter » le régime public et se lancer dans le secteur privé [...]. Si cette réglementation n'existait pas, les médecins consacreraient davantage de temps qu'ils le font à l'heure actuelle à offrir des soins de santé privés, parce que les conditions des patients sont souvent moins graves et complexes et qu'ils (ou leur assureur) sont prêts à débourser davantage pour l'obtention des soins requis. Un médecin, comme tout autre salarié d'ailleurs, voudra travailler le moins possible pour le maximum de revenus - et qui peut le blâmer? Ainsi, il n'est pas surprenant que certains membres de l'AMC soient en faveur de l'idée du régime d'assurance-maladie amélioré; contrairement au point de vue du public en général et de la plupart des patients. Si vous êtes un patient assez bien nanti pour vous offrir des soins de santé privés ou vous permettre un régime privé, le régime d'assurance-maladie amélioré constituera une solution très avantageuse pour vous. Par contre, les files d'attente dans les hôpitaux ou pour les soins de santé publics ne cesseront de s'allonger. [...] D'autres pays, comme la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'Irlande, permettent aux médecins de pratiquer sur une base non réglementée dans les secteurs public et privé. Ces pays sont ou ont été aux prises avec des problèmes majeurs de longues listes d'attente.
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5 - Non seulement cette coexistence n'améliore pas le temps d'attente dans le secteur public, mais elle l'augmente. C'est la conclusion à laquelle en viennent les chercheurs Carolyn Hughes-Tuohy, Colleen Flood, et Mark Stabile dans une étude réalisée en 2004.

2004-00-00 : «Les systèmes permettant des secteurs parallèles à financement public et privé soulèvent la question de savoir si un système privé parallèle peut réduire la pression sur le système public. Notre examen suggère que ce n'est pas le cas : les listes d'attente et les délais du secteur public sont plus longs dans les pays dotés de secteurs privés parallèles, comme en Grande-Bretagne et en Nouvelle-Zélande, que dans les pays qui tracent la frontière public-privé par d'autres moyens. Un secteur privé parallèle peut en effet prélever des ressources sur le secteur public, et/ou mettre en place des incitations qui ont pour effet d'augmenter les attentes dans le secteur public.» Et un peu plus loin... «En effet, le recours au financement privé est globalement plus susceptible de nuire que d'aider les systèmes financés par l'État, bien que les effets varient selon la forme de financement privé. Pour ceux qui chercheraient à améliorer les systèmes financés par l'État, le centre des efforts de réforme doit rester le système public lui-même.»
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4 - Dans son rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE n'est pas optimiste non plus à ce sujet. Dans les pays de l'OCDE, l'arrivée du privé a fait décroître les services offerts par le financement public.

2003-03-07 : Les services à financement public ne maintiendront pas leur capacité de production s'il y a transfert de ressources financières vers les services à financement privé. [...] Il est nécessaire que le secteur à financement public ait une capacité de production au moins égale à sa capacité de production avant l'introduction du financement privé. La réalisation de cette condition implique que les ressources humaines et financières du système financé publiquement soient maintenues. L'étude de Tuohy Hugues et coll. sur les effets du financement privé sur les dépenses publiques de santé a montré qu'à un accroissement du financement privé dans des pays de l'OCDE de 1980 à 1997 correspond une diminution du financement public. Le financement privé exerce une pression pour le transfert de ressources des services à financement public vers les services à financement privé. Le régime public ne réussit pas à maintenir sa capacité de production dans ces circonstances. p. 29
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3 - Toujours dans ce même rapport intitulé « Le financement privé des services médicaux et hospitaliers », déposé en 2003, le CSBE note que loin de diminuer, les listes d'attente allongent avec l'arrivée du privé.

2003-03-07 : De façon générale, ni la théorie ni les études empiriques ne démontrent que le financement privé diminue la longueur des files d'attente (Tuohy Hugues et coll., à paraître). L'introduction d'avantages fiscaux pour les acheteurs d'assurance privée en Australie n'a pas montré de réduction des listes d'attente (Hurley et coll., 2001). La possibilité pour les citoyens du Royaume-Uni de recourir à des services médicaux et hospitaliers à financement privé ne change pas non plus la longueur des files d'attente de la manière espérée. En effet, les plus longues listes d'attente se retrouvent dans les régions anglaises qui comptent le plus grand nombre de souscripteurs à une assurance privée (Besley et coll., 1998). p.31
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2 - Tout le monde serait gagnant ?
À la lecture de cette étude intitulée A systematic review and metaanalysis of studies comparing mortality rates of private for-profit and private not-for-profit hospitals (Une revue systématique et une méta-analyse d'études comparant les taux de mortalité des hôpitaux privés à but lucratif et privés à but non lucratif) publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne, il est permis d'en douter :

2002-05-28 : Fifteen observational studies, involving more than 26 000 hospitals and 38 million patients, fulfilled the eligibility criteria. In the studies of adult populations, with adjustment for potential confounders, private for-profit hospitals were associated with an increased risk of death... (Quinze études observationnelles, impliquant plus de 26 000 hôpitaux et 38 millions de patients remplissaient les critères d'éligibilité. Dans les études sur les populations adultes, avec ajustement pour les facteurs de confusion potentiels, les hôpitaux privés à but lucratif ont été associée à un risque accru de décès...) p. 1
Why is there an increase in mortality in for-profit institutions? Typically, investors expect a 10%–15% return on their investment. Administrative officers of private forprofit institutions receive rewards for achieving or exceeding the anticipated profit margin. (Pourquoi y a-t-il une augmentation de la mortalité dans les établissements à but lucratif ? En règle générale, les investisseurs s'attendent à un rendement de 10 % à 15 % sur leur investissement. Les agents administratifs des institutions privées à but lucratif reçoivent des récompenses pour avoir atteint ou dépassé la marge bénéficiaire prévue.) p. 6
Our systematic review raises concerns about the potential negative health outcomes associated with private for-profit hospital care. Canadian policy-makers, the stakeholders who seek to influence them and the public whose health will be affected by their decisions should take this research evidence into account. (Notre revue systématique soulève des inquiétudes quant aux effets négatifs potentiels sur la santé associés aux soins hospitaliers privés à but lucratif. Les décideurs canadiens, les intervenants qui cherchent à les influencer et le public dont la santé sera touchée par leurs décisions devraient tenir compte de ces résultats de recherche.) p. 7
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1 - Besley Timothy, Hall John et Preston Ian, dans une étude intitulée « The demand for private health insurance: do waiting lists matter? » font un lien direct entre le recours aux assurances privées en santé et l'allongement des listes d'attente dans le secteur public.

1999-05-01 : [...] longer waiting lists for NHS treatment are associated with greater purchases of private health insurance. ([...] des listes d'attente plus longues dans le système de santé public vont de pair avec un plus grand volume d'achat d'assurance maladie privée.)
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